Soumaoro était fatigué par une longue chasse mais il ne rentrait pas bredouille. Des peaux fraichement enlevées dépassaient de son sac et une grosse carcasse de loup sur le dos, il arrivait à la tanière.
A l'entrée, il avait remarqué une jeune femme qui passait le pas de la porte.

-"Jeune femme, dit-il de sa voix caverneuse. N'entres pas ainsi chez nous ou tu pourrais le regretter!"

Le worgen aux yeux rubis se tenait maintenant à côté de la femme.

-"Qu'est ce que je peu faire pour toi?"

Soumaoro semblait réfléchir pendant quelques secondes puis répondit,

-"Je me nomme Soumaoro et je suis l'un des chasseurs de la meute, comme tu peu t'en douter... Maintenant que je suis là, tu va pouvoir entrer et m'expliquer quels sont tes ambitions pour vouloir rejoindre une meute et ce que tu attend de nous autres Sombrecrins.

Le worgen aux yeux rouges passa devant la femme, entra et alla déposer ses sacs et la carcasse du loup sur une table dans le fond de la pièce.

Allongée sur le tapis, devant la cheminée, je scrute les flammes se mener une guerre sans fin. Le crépitement des braises m’apaise. La maison est si calme aujourd’hui, enfin un peu de paix ! C’est pas que la vie en communauté me déplaise mais y a des jours où je foutrais le feu à la baraque.

On frappe à la porte, manquait plus que ça. Je fais mine de ne rien entendre… la porte grince ! Elle bien bonne celle la !! Prête à bondir je me redresse sur mes pattes en cherchant mon arc des yeux. Je l’ai foutu où bordel ?

La pénombre de la pièce joue en ma faveur, je me glisse contre le mur plus sombre, loin des lumières du feu. Soumaoro débarque avec ses gros sabots. Je les laisse se mettre en bouche en observant les traits fins du visage de la donzelle. Son décolleté à n’en plus finir n’attire pas un seul regard enflammé du worgen. Bon point, il sait réfréner les ardeurs de son calcif ! Ou bien il a rien dedans…

Bon ! Au rythme où vont les choses je vais devoir rester planquer ici un long moment. Pas envie de poiroter comme un poireau, je me racle la gorge pour m’annoncer, et les faire sursauter par la même occasion.

Faites place mes mignons, j’entre en scène !

Ma trajectoire est sans détour, je fonce sur ma proie. Mes yeux la fixe sans hésitation. Tu m’as l’air bien fragile petite intruse ! J’arrache le parchemin de ses doigts délicats. C’est un de ceux que Benneth a demandé de faire et placé en ville.

Citation :

La Meute Sombrecrin adopte les exilés gilnéens souhaitant regagner leur patrie.
Rendez-vous au camp des Bûcherons du Val de l’Est.
Pour Gilnéas !

Mon regard se détache de la lettre et vient se poser sur ce corps trop sensuel pour faire la guerre.

- Ma petite on a pas de place pour les courtisanes ici !

Je fais signe à Soumaoro qu’il peut déguerpir, je m’occupe du joli morceau.

Soumaoro semble un peu surpris de l'arrivée de la louve alpha et quand Rufina lui fait signe de déguerpir, il remarque bien qu'il est temps pour lui de quitter la pièce mais au lieu de ça, il retourne la tête vers la carcasse s'arrête un moment...Après quelques secondes pendant les quelles Rufina déshabille du regard la nouvelle venue, le worgen arrache un bon morceau de la carcasse et s'en va sans mots dire. Alors qu'il s'apprête à passer la porte, il émet un léger grondement adresser à on ne sais qui puis, il disparait de l'encadrure de la porte.

Je grogne légèrement contre Soumaoro. On dirait que ce Louveteau comprends pas la hiérarchie de la Meute et le respect qu’il me doit. Si Benneth était pas son tuteur ça ferait un baille que je l’aurais viré celui-là. Va vraiment falloir que ça lui rentre dans la caboche, pas de temps à perdre avec les rebelles à deux pièces de cuivre.

Mon attention se tourne à nouveau sur la petite qui blablate sans s’arrêter. Elle m’amuse plutôt et a au moins l’avantage de me calmer aussitôt.
Mes yeux bleus s’attardent sur sa poitrine. Ah ! Mes nibards opulents d’humaine me manquent parfois. J’arrivais à obtenir des petites réductions par-ci par-là en l’accompagnant d’un sourire forcé. Depuis que je suis worgen ils ressemblent plus à deux melons trop fermes. Cette souplesse, ce rebondi… Rah ! Non je passerais pas en forme humaine même pour le plaisir de me tripoter. Plus jamais !

♪ ♫ Et patati et patata, toute la journée ça n’arrête ♪ ♫… D’où me vient cette chanson débile ? Bref, un vrai moulin à parole celle-là. Avec son air de sainte ni touche elle va me foutre le souk dans la baraque j’en suis sur. Regardez moi ça, on a même mis du baume sur ses petites lèvres fragiles. Je me marre.

- Bon Princesse, les mots je m’en cogne pas mal. Je veux du monde sur le terrain. T’as pas deux trois petit trucs que tu sais faire quand ça ramasse de la dérouille dans la tronche ?

Peut-être qu’elle pourrait gigoter comme une dinde et attirer les ennemis dans nos pièges en poussant son petit gloussement… qui sait ?
Avec ce joli discours sur les doctrines de la Lumière qu’elle me ressort l’air de rien, va savoir pourquoi, mais elle me fait penser à ma mère. Son attitude, sa douceur et cette foutue conviction d'accomplir son devoir. Une petite chaleur s’agrandit dans mon bide et vient dessiner un sourire sur mes babines. Qu’est-ce qu’y m’arrive bordel ?

Le festival des manières. Ça fonctionnerait sûrement si j’avais le matos dans le calbute. Ces lèvres pulpeuses aussi roses qu’un bonbon, ses cheveux brillants noirs, cette peau parfaite, ce regard innocent… elle va me foutre le bordel dans la chambre commune. Mes gars vont plus pouvoir se tenir. Je soupire en imaginant déjà les complications à venir.

Je lui fourre son parchemin entre les miches d’un geste vif, pas le temps de réagir. D’un signe de griffe je lui demande de me suivre dans la cuisine. L’endroit est tellement crade. De la vaisselle s’empile un peu partout. Les restes des repas pourrissent en apportant une odeur nauséabonde. Sans parler de la couche de graisse qui recouvre le sol, à laquelle la poussière est généreusement venue se coller. Les tâches collectives ont du mal à rentrer dans les crânes de mes combattants.

- Si jamais t’es pas douée pour la castagne, on va bien te trouver d’autres occupations.

J’avance dans la crase en grimaçant jusqu’au garde manger. Ce dernier reste étrangement propre et bien fourni. Je donne que peux de temps aux insectes qui fourmillent dans ce capharnaüm avant qu’ils s’attaquent à la bouffe saine.

- Prépare moi un bon petit plat avec ce bordel et on reparlera de ton intégration chez nous. Je reviens dans quelques heures pour le repas.

Pas de place à l’hésitation, mon ton est sec, tranchant.

Après une longue après-midi à régler les différents problèmes de la Meute dans mon bureau, je me décide enfin à redescendre. En ouvrant la porte je me surprends à être étonnée de trouver la prêtresse encore ici. Persuadée que la duchesse se serait faufilée dehors devant le moindre obstacle.

Un délicat fumé de viande cuisinée se balade dans ma truffe. Bordel ça ouvre l’appétit ! Depuis combien de temps un repas digne de ce nom c’était pas trouvé sur la table. J’hallucine, elle a même foutue des bougies. Je me marre…

Les yeux écarquillés j’avance dans la pièce lentement, j’en crois vraiment pas mes mirettes… la porte de la cuisine entre ouverte laisse échapper une odeur de citron… je fait quelque pas… mais c’est qu’on pourrait bouffer par terre !!!! Même l’évier brille comme jamais.

Je me retourne vers la nénette, m’assieds sur la chaise en me léchant les babines. Je soulève la cloche de mes griffes en restant émerveillée devant la boustifaille. Ça jute, ça sent bon, j’y foutrais bien mes crocs sans demander mon reste.

Un raclement anime ma gorge, j’aime pas être surprise mais je dois avouer que c’est pas déplaisant cette fois ! Je me gratte la crinière en souriant.

- Allé, bouge de là, j’ai la dalle.

Je plante ma fourchette dans la peau croustillante du sanglier, du gras en dégouline. Bon sang je vais m’en foutre plein la pense !

- Ah ! Au fait… repasse demain, Benneth sera là, on discutera de ton cas princesse !

Mes yeux lâchent pas la potence, l’affamée que je suis prête d’intérêt cas ce qui en vaut la peine !